L'histoire commence. Sans passeport. L’aventure peut être une malédiction. Mais les dieux, ou je ne sais quel bordel qu’il y a au deuxième étage, sont avec moi. Et je suis accueillis dans l’avion comme l’enfant prodige.
C’est le bruit des réacteurs qui te scotche d’un coup à la réalité et au dossier de ton siège Royal Air Maroc. C’est définitif et irrémédiable, je suis au Maroc. Je prend le sentier détourné de ma destinée. Il est difficile de se défaire de l'irréel.
Marrakech est une ville que tu prend de plein fouet, à laquelle on se confronte. C’est un corps à corps. Il y a l’évidence de la chaleur, comme une personne assise sur tes épaules. Mais le soleil n’est pas mon plus féroce adversaire. C’est ma gueule de fromage blanc. Ma gueule de métèque qui leurs rappellent que je ne suis pas née dans le sable. Je suis la définition même du touriste. Et je ne peux m’en défaire. Et c’est ce combat que je mène, voiler ma différence. Pour mieux l’exploiter. Je ne veux pas vendre au souk ce que je suis.
Je me vêtis de méfiance chaque matin car je ne peux pas me laisser aller. Je sais que cela viendra un jour, mais à la vitesse d’un sablier. Grain par grain. Comme je l’expliquais à un enfant des rues, Marrakech est comme le renard du petit prince. je dois l'apprivoiser. Et vice versa. Je ne voudrais pas finir avec la tenue parfaire du colonialiste.
Mais on ne peut pas tout freiner. Et sans m’en être aperçus, je me retrouve à l'arrière d’une mobylette avec deux autres personnes. L’alcool accélère toujours les choses. Et les rencontres sont inévitables. J’ai beau fermer les yeux, j’ai déjà un pied dans la spirale. Et je me retrouve à crier «wili wili wili» dans la rue. La route est longue, mais le désert pas si loin.
Inch’allah.
P.
Pia te lire est toujours succulent! des bisous sarah
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