vendredi 28 octobre 2011
dimanche 9 octobre 2011
Marrakech est belle, c'est la lumière des Saints { Jamila Abitar }
Les genoux qui plient. Un moment de faiblesse, dû à un rhume et un deuil à distance. Et ça repart. Je commence à maîtriser ma vie ici. Marrakech plie face à ma détermination. Elle me plaît. Ce n’est pas le coup de foudre mais un flirt contre les murs rouges de la ville.
Je me retrouve dans les ruelles sombres de la médina. On se croirait dans un film. la fumée sort des toits, la lumière rasante d’un jaune électrique et moi, dans ma robe 2046, avec mes talons qui ne voient plus très droit.
Je balbutie quelques mots. Comme un enfant, je n’ose pas. Comme si je n’avais pas le droit de parler leur langue. Cette peur paralysante de mal faire, ne pas vexer. Pourtant je sais qu’il faut s’imposer, mais dans la douceur. Et avec ma maladresse, c’est cette lenteur qui m’effraie. Je ne sais pas faire dans le doux et le lent. J’apprends en égrainant le couscous. Je sais que ça viendra et cette peur douce-amère s’envole. Car je suis enveloppée de gens extraordinaires. Et puis tout n’est pas différent, on rigole des mêmes blagues autour d’un plat de pâte acheté 20 dirhams à Marjane. La pauvreté réunie les étudiants. Sauf qu’ici je ne suis pas pauvre. Je le cache bien, mais sur mon compte vis l’équivalent d’un salaire de maître de conférence marocain. Et oui, ma carte de crédit me rappelle que je suis une privilégiée.
J’ai l’impression de ne pas assez vous en dire. Mais ce n’est pas qu’il n’y a rien a dire. Mon corps est rempli de mots et de description. Et dans mon estomac tout se mélange. C’est difficile de digérer tout ça pour en faire quelque chose de cohérent. Mais s’il fallait parler, lame de couteau à la gorge. Ce serait confus. Des mots. Une tentative veine de retranscrire la vague d’émotion qui te submerge à chaque coin de rues. Les couleurs. La pulpe du jus d’orange qui se presse. Les cris qui fussent. Non j’ai déjà mangé. Les insultes que l’on comprend à une table. Les serpents. En bois. Un singe sur ma tête. Ma conscience qui se cache dans mon nez. Coco. La fumée et toujours les couleurs. Je baisse les yeux, des escargots. Ma gazelle. Je ne suis pas une gazelle. Ca se précipite. Le thé qui coule. J’ai envie de faire pipi. Mes yeux ont 10 ans. Mes poches sont vides. Je tombe, un vélo derrière. Je remonte en selle. Nos yeux se croisent. Une main aux fesses. Changement de sujet. Les papilles en boîte de nuit. Pâtisserie orientale sur un étalage. On ne touche pas. Je ne veux pas de toupie, merci. Encore ces putains d’escargots. Les tapis d'Aladin. Aladin en personne. Confrontation avec une mobylette. Je vacille, me rattrape. Pousse tout le monde. Je m’excuse plus. Une baignoire en tôle. Une idée grotesque. On entend même pas nos rires. Des tapis accroché au plafond. Un rat au milieu des katfants. On change de rues. C’était Jemaa El Fna.
Inch'allah.
P.
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